« Il y a un Ăąge de charmante ignorance en amour, oĂč lâobjet aimĂ© nâest point un ĂȘtre rĂ©el, mais la personnification trompeuse de lâidĂ©al que lâĂąme a rĂȘvĂ©. Ă cet Ăąge de candeur, de quinze Ă dixhuit ans, on suppose les plus sĂ©duisantes qualitĂ©s, les sentiments les plus dĂ©licats Ă quelque esprit pĂ©dant, Ă quelque cĆur sec ; on sâĂ©prend de quelque physionomie maladive, Ă laquelle on prĂȘte un charme mĂ©lancolique ; on se compose un fantĂŽme adorĂ© ; on est Ă©mu, dominĂ©, torturĂ©, souverainement heureux ou malheureux par lui, et on reste esclave de ce personnage factice jusquâau jour oĂč la raison dessille tout Ă coup les yeux, et fait paraĂźtre ridicule et niais ce bel amour si sincĂšrement caressĂ© par le cĆur et lâimagination. »