Pendant la drĂŽle de guerre, Lucien, soldat cantonnĂ© dans l'est de la France, est fait prisionnier avec tout son rĂ©giment. Il dĂ©cide de s'Ă©vader, seul, du camp oĂč lui et ses camarades sont regroupĂ©s. L'aventure commenceâŠ
Cartes d'Anne Le Fur. RepĂšres historiques par Jacques-Guy Petit.
Extrait.
Vers minuit, le 7 juillet (fĂȘte de papa), tout le monde dort. [...] Je sors du car en Ă©vitant le bruit. Il est une heure du matin. Dans les jours prĂ©cĂ©dents jâavais examinĂ© les possibilitĂ©s de sortir du camp. Ă lâentrĂ©e, prĂšs de la route, le poste de garde; aux trois autres angles, des miradors avec projecteurs et mitrailleuses. Je pensais passer par les grillages et clĂŽtures barbelĂ©es du cĂŽtĂ© de la forĂȘt de Haye, distante de quelques centaines de mĂštres. Je me dirige de ce cĂŽtĂ©; [...] je marche sur mes chaussettes, cent cinquante mĂštres environ, et jâentends des pas?: une patrouille, que je nâavais pas prĂ©vue, avec torche Ă©lectrique et chien policier. Je me faufile sous une cuisine ambulante, valise et souliers prĂšs de moi, et je fais le dormeur. Le chien vient me sentir et sâen va sans rien dire. Les soldats passent, ils nâont rien vu⊠mais jâai quand mĂȘme eu chaud! Jâattends une minute et prends une autre direction, vers un chemin longeant le camp entre le poste de garde et un mirador; jâavais remarquĂ© lĂ un passage possible. Une double clĂŽture grillagĂ©e me sĂ©pare du chemin. Je passe la premiĂšre et jâĂ©coute; bien mâen prend, un soldat fait les cent pas sur le chemin. Il fait nuit noire. Je ne le vois donc pas, mais je compte Ă peu prĂšs une minute et demie entre chaque passage. Vingt secondes environ aprĂšs le prochain, je traverserai la seconde clĂŽture. [...] Au bout dâun?centaine de mĂštres, je me trouve devant une cinquiĂšme clĂŽture et, arrivĂ© lĂ , jâentends un pas lourd. Je mâaplatis une Ă©niĂšme fois et je devine une grande ombre au-dessus de moi. Câest un cheval en libertĂ© qui vient voir ce qui se passe dans le secteur.