Mai 1941, plusieurs milliers dâhommes sont arrĂȘtĂ©s Ă Paris lors de la rafle du billet vert et transfĂ©rĂ©s aux camps de Beaune-la-Rolande et Pithiviers. Le motif : ils sont juifs et, pour certains, considĂ©rĂ©s comme Ă©trangers en surnombre dans lâĂ©conomie nationale. Quelques mois plus tard, quatre cents dâentre eux sont envoyĂ©s dans des fermes abandonnĂ©es baptisĂ©es les Kommandos de Sologne, pour « assĂ©cher les marais », dit-on⊠Les hĂ©bergĂ©s, nom officiel des prisonniers, tissent des liens parfois Ă©troits avec la population locale. Lorsquâen juin et juillet 1942 tous ces hommes sont dĂ©portĂ©s Ă Auschwitz, quelques-uns parviennent Ă sâenfuir, notamment avec la complicitĂ© de fermiers voisins. Le rĂ©cit dâĂmile Frajerman, tĂ©moin de cette Ă©poque, a fait lâobjet du documentaire La terre ne ment pasâŠ, disponible en DVD. Le film reconstitue lâambiance ambiguĂ« qui rĂ©gnait alors dans les campagnes solognotes. Une autre rafle complĂšte le documentaire et propose au lecteur des allers-retours entre les mots et les images, en dĂ©voilant par exemple les coulisses du tournage et les pensĂ©es du rĂ©alisateur. La gĂ©nĂ©rositĂ© et la sensibilitĂ© du tĂ©moin, les particularitĂ©s des protagonistes, la brutalitĂ© des faits et la rigueur de lâanalyse se nourrissent de cette proximitĂ©.