Fuir Hagen, Allemagne, et ce mariage qui se dissout, avec, pour seul compagnon de voyage, Calypso, son chat. Attraper un train, puis un vol pour lâItalie. Destination Pesaro. Descendre au Savoy. Discuter avec Lu Chen, son Ă©ditrice, dâun projet qui, elle le sait, sâavĂ©rera insurmontable. Et entre deux portes, croiser, juste Ă cĂŽtĂ© du thĂ©Ăątre Rossini, le regard dâun homme, dĂ©jĂ conquis. Lâoublier. Puis, Ă©trangement, se le remĂ©morer. Alors, malgrĂ© soi, le rechercher, forcer la rencontre. Sans toutefois capituler et se rendre Ă ses dĂ©sirs. Parce que lâamour a encore un goĂ»t amer. Parce que toutes les blessures nâont pas Ă©tĂ© pansĂ©es. Parce que sâĂ©prendre nâest jamais futile, lĂ©ger, anodin et que lâon risque toujours de sây brĂ»ler lâĂąme. Style Ă©purĂ© et dĂ©pouillĂ© pour rĂ©cit fantomatique et brumeux. Suivant les dĂ©ambulations sentimentales et italiennes de Julia Fernandez, hĂ©roĂŻne-silhouette, personnage tĂ©nu, « Venezia Santa Lucia » laisse deviner, derriĂšre son austĂ©ritĂ© apparente, les tremblements dâun cĆur fĂ©minin frappĂ© dâatonie, en quĂȘte dâun nouveau rythme et dâune rĂ©conciliation avec soi. GagnĂ© par une atmosphĂšre de plomb et crĂ©pusculaire, lourde de non-dits, de silences et de mots Ă part soi conservĂ©s, ce roman minimaliste confine Ă la sĂšche limpiditĂ© de lâĂ©criture durassienne.