La pensée de Kierkegaard aborde les questions liées à l'existence et à la religion, considérées comme des expériences strictement individuelles. La définition kierkegaardienne de la vérité et de la subjectivité (qui englobe l'individu) reflète naturellement cette conception existentielle, d'une part. Elle permet également de régler les comptes non seulement à Hegel et son système "statique et clos", à la foule "aveugle et mensongère", mais aussi à l'ordre établi "aux antipodes des intérêts individuels", dont les églises établies représentent l'une des formes les plus accomplies, d'autre part. Cet ouvrage, qui est un cri d'alarme visant à alerter l'opinion sur les dangers que court l'individu dans les églises établies, s'appuie sur la vérité et la subjectivité, vues comme de parfait synonyme dans la pensée de Kierkegaard : toute vérité part du sujet et y retourne, afin de faire prendre conscience à l'individu de sa solitude absolue face à l'existence et face à Dieu. Cette vision de la vérité et de la subjectivité dévoile un aspect capital de la pratique de la religion en tant que lieu de la vérité subjective par excellence : aucune religion, aucune église n'interviennent dans la relation de l'individu à Dieu, ni dans le rapport de l'Homme à son vécu. Les religions et les églises établies doivent, en conséquence, céder la place, à défaut de disparaître complètement, à la seule religion universelle : celle de l'individu.