Les chevaliers du clair de lune
Pierre-Alexis Ponson du Terrail (1829-1871) "Le voyageur qui traverse la Loire, Ă OrlĂ©ans, nâa pas plus tĂŽt fait deux lieues devant lui, en se dirigeant vers le midi, quâil rencontre un pays sablonneux, aride, couvert de sapins rabougris. Câest la Sologne. La Sologne est un pays malsain, fiĂ©vreux, monotone, mais dont lâaspect gĂ©nĂ©ral est dâune mĂ©lancolie suprĂȘme et dâune poĂ©sie incontestable. De temps en temps, du bord de la route, on aperçoit les tourelles rouges dâun petit castel en briques perdu au milieu des bois. Parfois, au matin, quand le soleil se lĂšve, on entend retentir une fanfare, et lâon voit passer une meute ardente de grands chiens du Poitou. Le soir, Ă travers les petites futaies de sapins, brille la lueur rougeĂątre dâun feu de charbonnier, et, dans les environs, hurle au perdu un limier Ă©garĂ©. Au nord, câest OrlĂ©ans, la ville un peu monotone peut-ĂȘtre, mais, au demeurant, le meilleur pays du monde. Ă lâest, câest Vierzon, la capitale des forgerons, lâenclume qui ne dort ni nuit ni jour. Ă lâouest, câest Chambord, la belle demeure, le palais entourĂ© de grands bois ; un peu plus loin, câest Blois, la ville policĂ©e et courtoise, qui se souvient encore de ses hĂŽtes illustres. Puis, au midi, câest le Berri, chantĂ© par George Sand ; le Berri, terre des lĂ©gendes et des forĂȘts touffues." Tome II : "Le testament de Grain-de-Sel" - "Le chĂąteau de Bellombre".