Les Malheurs de Sophie
Livre audio rĂ©alisĂ© d'aprĂšs une adaptation de l'Ćuvre de la Comtesse de SĂ©gur. « Raconte-moi une histoire de quand tu Ă©tais petite ». Ce que rĂ©clament si souvent les enfants Ă leur mĂšre et Ă leur grand-mĂšre, eh bien, la Comtesse de SĂ©gur, nĂ©e Rostopchine, l'a fait en publiant en 1859 « Les Malheurs de Sophie ». Pouvait-elle alors imaginer, dans son chĂąteau de Normandie, en prenant la plume pour le plaisir de ses petits-enfants et des enfants de cette Ă©poque, que les lecteurs succĂ©deraient aux lecteurs, de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration ? Qu'ils seraient si nombreux Ă sourire, rire, frĂ©mir aux aventures et mĂ©saventures de Sophie ? Ces aventures et mĂ©saventures sans lesquelles on ne grandit pas ? Immense public dont la naissance se dĂ©ploie dĂ©jĂ sur quatre siĂšcles puisque des grands-mĂšres nĂ©es Ă la fin du XVIII° siĂšcle pouvaient faire dĂ©couvrir ce livre Ă leurs petits-enfants, et que viennent de naĂźtre les petits lecteurs du XXI° siĂšcle⊠C'est que ces courtes histoires, trĂšs enlevĂ©es, parlent aux enfants de leurs envies, de leurs jeux, de leurs curiositĂ©s, de leurs peurs, de leurs joies, de leurs bĂȘtises, de leurs disputes, de leur monde en un mot, et que la forme dialoguĂ©e choisie par la comtesse de SĂ©gur, leur donne une singuliĂšre fraĂźcheur. Qu'elles illustrent aussi ce qu'autrefois on appelait « leçon de choses » : que les objets se brisent, se dĂ©colorent â comme les joues des poupĂ©es trop bien dĂ©barbouillĂ©es; que les chats mangent les oiseaux; que les chevaux avides de leur pain mordent les petites mains gourmandes qui tentent de le leur dĂ©rober; que les Ăąnes aiguillonnĂ©s ruent et partent au galop⊠Je me souviens du sentiment un peu douloureux que je retirais, petite, de la lecture des Malheurs de Sophie. Au plaisir de voir Sophie oser l'exploration du monde, rĂ©pondait intimement un sentiment de culpabilitĂ© et de tristesse. Sophie se retrouvait souvent Ă devoir choisir, dĂ©sobĂ©ir, oser, dans la lumiĂšre blanche d'une solitude, Ă©cho peut-ĂȘtre de son enfance auprĂšs d'une mĂšre sĂ©vĂšre et lointaine, de la Russie natale quittĂ©e dans la douleur en 1817.. Cette impression un peu douloureuse, partagĂ©e par beaucoup d'enfants, n'est pas la plus puissante. Celles qui demeurent, longtemps, longtemps aprĂšs, sont celles de l'inlassable et salutaire vitalitĂ© de Sophie ; du ton pince-sans-rire de la Comtesse de SĂ©gur aussi : la tranquille cruautĂ© enfantine est dĂ©taillĂ©e avec un humour qui annonce celui de l'excellent Marcel Pagnol observant placidement Ă La Treille, avec son petit frĂšre Paul, la mante religieuse dĂ©pecĂ©e vive et « dĂ©mĂ©nagĂ©e » par les fourmis⊠Alors, mĂȘme si le XIX° siĂšcle moralise, si la leçon est souvent rude, nous sommes toujours partants, avec Sophie, pour des bĂȘtises. Il existait Ă Paris, Ă la fin des annĂ©es 40 et au dĂ©but des annĂ©es 50, une troupe de thĂ©Ăątre, dite du « Petit Monde ». Le petit monde auquel s'adressaient les spectacles, c'Ă©taient nous bien sĂ»r, les enfants nĂ©s pendant la guerre ou juste aprĂšs. Il y avait foule Salle Pleyel oĂč, le plus souvent, avaient lieu ces reprĂ©sentations. D'abord parce que c'Ă©taient lĂ quasiment les seuls spectacles de thĂ©Ăątre proposĂ©s alors aux enfants. Et puis aussi parce que Roland Pilain, le directeur de la troupe, ne se moquait pas du petit monde : dĂ©cors et costumes Ă©taient soignĂ©s, et les adultes de vrais comĂ©diens !!! Il puisait largement dans le rĂ©pertoire de la Comtesse de SĂ©gur. Quel bonheur, quel Ă©merveillement alors d'entendre le texte s'incarner ! Monteur du livre audio : Robson Galdino. FlĂ»te traversiĂšre : Dominique Bouzon. MĂ©lodies empruntĂ©es Ă : FrĂ©dĂ©ric Chopin, François Couperin, François-Joseph Gossec, AndrĂ© Messager, Jacques Offenbach, Oscar Straus, Carl-Maria von Weber Illustration : Claire Degans. Production : La Baume.