Le récit passionnant d'un étrange guérisseur du XVIIIe siècle...
Le Mège peut être considéré comme LE grand livre de Jean-Paul Pellaton. Un mège, en français archaïque, est un médecin généraliste de type ambulant, à demi autodidacte, généralement amateur de plantes, un peu alchimiste pour ne pas dire sorcier, rebouteux ou guérisseur, plutôt que médecin. Xavier Meuret de Miécourt est un mège. Fils de menuisier, promis à l’établi, il est curieux de tout et s’initie à la médecine. Il devient alors une de ces figures emblématiques des montagnes jurassiennes, courant les fermes de son pays, soignant les paysans et parfois les bêtes; sympathique et toujours intéressé à la vie humble et rude de ses contemporains. En 1787, Xavier pousse ses pérégrinations jusqu’en Bourgogne, puis à Paris où il arrive en pleine Révolution. Ce qui va passionner le mège, au-delà des conflits politiques, c’est sa rencontre avec Mesmer: un étonnant illuministe qui tente d’établir entre l’homme et les forces cosmiques des lien énergétiques qui pourraient tout guérir et tout bouleverser.
Un étonnant roman picaresque, en même temps qu’une fresque éclairante de la vie quotidienne et des mœurs du XVIIIe siècle.
EXTRAIT
ANTOINE
A cinq heures, Xavier revint à l’auberge, fouilla la salle du regard. L’homme lisait toujours, dos au mur, genoux coincés contre la table. Il semblait n’avoir pas changé de posture depuis le matin, ayant choisi sa place près de la fenêtre du fond pour cueillir sur sa page la meilleure lumière. Personne n’avait osé le déranger.
L’auberge était presque pleine, ce dimanche d’été où les villageois, entre la promenade de l’après-midi et les soins au bétail, venaient se rafraîchir, bavarder, se retrouver. On parlait fort, on riait, on appelait la jeune servante qui courait d’un coin à l’autre. Seul, absent, insensible au va-et-vient et au bruit, l’homme continuait de lire, un verre vide à côté de lui.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean-Paul Pellaton est né à Porrentruy le 10 août 1920 et il est décédé le 21 avril 2000. Enseignant secondaire dans un premier temps, il sera ensuite nommé directeur d’école. Parallèlement, il suit des études de Lettres à Berne, Genève et Neuchâtel. Il obtient une licence ès Lettres à l’Université de Neuchâtel en 1953. Dès 1957, il enseigne à l’École normale de Delémont, et pendant une vingtaine d’années, est lecteur en philologie à l’université de Berne. Son œuvre est riche de récits pour la jeunesse, de pièces radiophoniques, de plusieurs romans et recueils de nouvelles, publiés aux Éditions de l’Aire et à l’Âge d’Homme, notamment. Il a reçu plusieurs prix, dont le prix de la Bibliothèque pour tous en 1982, le prix Schiller en 1985 et le deuxième prix Schiller pour l’ensemble de son œuvre en 1994.