Si seulement Tom King avait pu manger un bon steak avant de monter sur le ring...
Il Ă©prouva de nouveau une sensation de faim non satisfaite.
â Bon sang ! Ce que je mangerais volontiers un morceau de bifteck ! murmura-t-il avec un juron Ă©touffĂ© et en serrant ses poings Ă©normes.
â Jâai essayĂ© chez Burke et chez Sawley, dit sa femme en maniĂšre dâexcuse.
â Et ils nâont pas voulu te faire crĂ©dit ?
â Pas dâun centime, a dĂ©clarĂ© Burke.
Elle hésita.
â Continue. Quâa-t-il dit ?
â II mâa dit quâĂ son avis Sandel te battrait ce soir, et que nous lui devions dĂ©jĂ une somme rondelette.
Tom King grogna, mais ne répondit point.
Cette nouvelle de Jack London, parmi les plus cĂ©lĂšbres de cet Ă©crivain, est sans doute lâun des textes le plus important, presque fondateur, de cette littĂ©rature dite de « ring ». London sâappuie sur sa longue expĂ©rience de praticien et dâobservateur de la boxe. Au sortir du ring, Tom King nâa plus rien, que son corps usĂ©, battu, douloureux et la faim qui le taraude toujours, comme la honte de rentrer sans le sou dans son foyer. Si seulement : « Ah, that piece of steak would have done it ! He had lacked just that for the decisive blow, and he had lost. »