(0)

A piece of steak

E-book


Si seulement Tom King avait pu manger un bon steak avant de monter sur le ring...

Il Ă©prouva de nouveau une sensation de faim non satisfaite.

— Bon sang ! Ce que je mangerais volontiers un morceau de bifteck ! murmura-t-il avec un juron Ă©touffĂ© et en serrant ses poings Ă©normes.

— J’ai essayĂ© chez Burke et chez Sawley, dit sa femme en maniĂšre d’excuse.

— Et ils n’ont pas voulu te faire crĂ©dit ?

— Pas d’un centime, a dĂ©clarĂ© Burke.

Elle hésita.

— Continue. Qu’a-t-il dit ?

— II m’a dit qu’à son avis Sandel te battrait ce soir, et que nous lui devions dĂ©jĂ  une somme rondelette.

Tom King grogna, mais ne répondit point.

Cette nouvelle de Jack London, parmi les plus cĂ©lĂšbres de cet Ă©crivain, est sans doute l’un des textes le plus important, presque fondateur, de cette littĂ©rature dite de « ring ». London s’appuie sur sa longue expĂ©rience de praticien et d’observateur de la boxe. Au sortir du ring, Tom King n’a plus rien, que son corps usĂ©, battu, douloureux et la faim qui le taraude toujours, comme la honte de rentrer sans le sou dans son foyer. Si seulement : « Ah, that piece of steak would have done it ! He had lacked just that for the decisive blow, and he had lost. »