On peut imaginer que Billy-Ray Belcourt entend la poĂ©sie comme Audre Lorde la concevait, câest-Ă -dire comme une «âdistillation rĂ©vĂ©latoire de lâexpĂ©rienceâ», une exploration honnĂȘte des sentiments qui se transforment, par lâaction du texte, en «âterreau fertile pour les idĂ©es les plus radicales et les plus audacieusesâ». Les sentiments Ă©voquĂ©s par Belcourt sont ceux de la queeritude : lâautochtonitĂ© et le genderfuck sont exprimĂ©s comme une performance souvent ratĂ©e par le poĂšte qui ne parvient pas Ă trouver de corps qui soit compatible avec le sien, Ă lâĂšre des applications de rencontre comme Grindr, pour un vĂ©ritable partage Ă©rotique et Ă©motionnel. Changer le monde : voilĂ le projet dans lequel la poĂ©sie de Belcourt, par sa forme autant que par son propos, est engagĂ©e activement et frontalement. On peut donc placer Belcourt dans cette lignĂ©e de poĂštes autochtones canadiens tels Virginia PĂ©sĂ©mapĂ©o Bordeleau, Beth Brant, Natasha KanapĂ© Fontaine, Daniel Heath Justice, Leanne Betasamosake Simpson et Gregory Scofield qui, dans leurs Ćuvres, formulent lâĂ©rotisme comme un aspect de la rĂ©sistance dĂ©coloniale.