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Journal de route, 14 mars-9 mai 1945

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Jean Oppenheimer, libĂ©rĂ© le 27 janvier 1945 par les troupes soviĂ©tiques Ă  l’infirmerie d’Auschwitz III-Monowitz — non loin de Primo Levi —, est transfĂ©rĂ© dans un lieu de regroupement improvisĂ© Ă  Katowice. Dans l’attente de son rapatriement en France et pour tromper son ennui, il dĂ©cide, le 14 mars 1945, de tenir un journal.

Ce qu’il appelle son « journal de route », initialement entrepris pour reprendre pied dans la vie en consignant les Ă©vĂ©nements du retour, se transforme rapidement en tĂ©moignage de son expĂ©rience concentrationnaire. ArrivĂ© le 23 novembre 1943 Ă  Birkenau par le convoi n° 62, il est transfĂ©rĂ© au camp de Monowitz pour travailler Ă  l’immense usine de la Buna.

Cette Ă©criture quotidienne le mĂšne sur les chemins de sa mĂ©moire de dĂ©portĂ©. Les derniers mots qu’il griffonne le 9 mai 1945, juste avant de toucher le sol français, sont « d’avoir enfin cet affreux cauchemar Ă  l’état de souvenir ». Car de sa vie d’avant Auschwitz, il ne fait aucune mention : rien sur ses actions dans la RĂ©sistance, rien non plus sur son passage au camp de transit de Drancy oĂč il creuse, avec d’autres internĂ©s, un tunnel pour tenter de s’enfuir.

Pourvu d’une rigueur intellectuelle remarquable et d’une forte personnalitĂ©, Jean Oppenheimer ne fait pas qu’exorciser ce qu’il a vu et subi lors de sa dĂ©portation. Il s’attache aussi Ă  recueillir la parole de deux survivants qui ont connu des aspects de la barbarie nazie auxquels il a Ă©chappĂ© : le Sonderkommando et les « marches de la mort ».

Ce texte, sorti de l’oubli oĂč son auteur l’avait confinĂ©, apporte Ă  la mĂ©moire de la Shoah la contribution d’un homme rare.