Câest une question qui revient rĂ©guliĂšrement dans lâactualitĂ© et le dĂ©bat public : Comment continuer Ă faire sociĂ©tĂ© si les Ă©carts de revenus sont tels quâentre le haut et le bas de lâĂ©chelle les citoyens nâont plus rien de commun ? Aujourdâhui, dans les multinationales, les Ă©carts de salaire peuvent aller de 1 Ă 2000. Au dĂ©but du XXe siĂšcle, le banquier J.P. Morgan dĂ©finissait lâĂ©cart maximal acceptable de 1 Ă 20. Face aux critĂšres mouvants concernant les inĂ©galitĂ©s socialement ou moralement acceptables, quels repĂšres se donner ? Câest ce quâont cherchĂ© Ă savoir GaĂ«l Giraud et CĂ©cile Renouard ; ils rĂ©pondent ici de façon Ă la fois scientifique et sensible, mĂȘlant arguments Ă©conomiques, sociaux et dĂ©mocratiques. Premier Ă©lĂ©ment de rĂ©ponse : les Français sont largement favorables Ă une Ă©chelle de revenus raisonnĂ©e qui inclurait donc un plafond, comme le rĂ©vĂšle un sondage exclusif rĂ©alisĂ© pour ce livre. DeuxiĂšme Ă©lĂ©ment : lâaccroissement des inĂ©galitĂ©s Ă©conomiques fait gonfler la dette, privĂ©e et publique, de façon insoutenable â plus une sociĂ©tĂ© est inĂ©galitaire, plus les dĂ©penses sanitaires et sociales sont importantes. La rĂ©duction de ces inĂ©galitĂ©s est la condition dâune nouvelle prospĂ©ritĂ©, moins Ă©nergivore et moins budgĂ©tivore. TroisiĂšme Ă©lĂ©ment : une sociĂ©tĂ© moins inĂ©galitaire est plus dĂ©mocratique et donc plus heureuse car dĂ©barrassĂ©e des sentiments dâinjustice et des rancĆurs qui aujourdâhui dĂ©couragent les Français. Entre un revenu-plancher qui assure les conditions dâune vie digne et un plafond au-delĂ duquel la fragmentation sociale domine tandis que sâĂ©puisent les ressources planĂ©taires, sâouvre un espace pour le vivre ensemble : accorder moins dâimportance aux ressources matĂ©rielles, aux biens, permet de retrouver le sens des liens et de la relation Ă lâautre.
La solution, câest peut-ĂȘtre le facteur 12 : lâĂ©cart maximal des salaires (primes incluses) qui existe dĂ©jĂ dans la fonction publique française. Pourquoi ne pas se fonder sur cette Ă©chelle pour toute la sociĂ©tĂ© et soumettre cette question au dĂ©bat dĂ©mocratique en cette annĂ©e politique ?