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Le voeu d'une morte

E-book


Emile Zola (1840-192)

"Vers la fin de 1831, on lisait le fait divers suivant dans le SĂ©maphore, de Marseille :

"Un incendie a dĂ©vorĂ© hier soir plusieurs maisons du petit village de Saint-Henri. La lueur des flammes, qui se reflĂ©taient toutes rouges dans la mer, a Ă©tĂ© vue de notre ville, et les personnes qui se trouvaient sur les rochers d’Endoume ont pu assister Ă  un spectacle effrayant et grandiose.

"Les dĂ©tails prĂ©cis nous manquent encore. On signale plusieurs traits de courage. Nous nous contenterons, pour aujourd’hui, de raconter un des Ă©pisodes poignants de ce sinistre.

"Une maison s’est enflammĂ©e si subitement par les parties basses, qu’il a Ă©tĂ© impossible de porter le moindre secours aux habitants. On a entendu ces malheureux hurler d’épouvante et de douleur.

"Tout d’un coup, une femme s’est montrĂ©e Ă  une des fenĂȘtres, tenant un jeune enfant entre les bras. D’en bas, on apercevait sa robe qui commençait Ă  brĂ»ler. Le visage terrible, les cheveux dĂ©nouĂ©s, elle regardait devant elle, comme frappĂ©e de folie. Puis, les flammes ont montĂ© rapidement le long de ses jupes, et alors, fermant les yeux, serrant Ă©troitement l’enfant contre sa poitrine, elle s’est prĂ©cipitĂ©e d’un bond par la fenĂȘtre.

"Quand on est venu pour les relever, la mĂšre avait le crĂąne brisĂ©, mais l’enfant vivait encore, et tendait ses petites mains en pleurant, pour Ă©chapper Ă  l’étreinte terrible de la morte.

"On nous assure que cet enfant, qui n’a plus un seul parent au monde vient d’ĂȘtre adoptĂ© par une toute jeune fille, dont nous ignorons le nom, et qui appartient Ă  la noblesse du pays. Un tel acte n’a pas besoin d’ĂȘtre louĂ©."

Daniel a promis, Ă  sa bienfaitrice Blanche Ă  l'agonie, de protĂ©ger la fille de celle-ci, Jeanne, et de bien la marier. Mission difficile mais Daniel en fait un sacerdoce quitte Ă  se sacrifier lui-mĂȘme...