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Les Mohicans de Babel

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Dans le Paris dĂ©bridĂ© des annĂ©e folles, alors que le gouvernement est aux abois, on ne parle que d'un mystĂ©rieux malfaiteur, tout-puissant, «le Grand X». Un riche banquier et homme politique, Milion-Lauenbourg, est le pĂšre d'une trĂšs jolie fille, Sylvie, amoureuse d'un dĂ©putĂ© adversaire de son pĂšre, Claude CorbiĂšres. Celui-ci dirige la ligue anti parlementaire. Milion-Lauenbourg dirige ses affaires grĂące Ă  l'aide inestimable de M. BarnabĂ©, aux allures de petit bureaucrate radin, mais qui en fait connaĂźt tout de la banque. Il a recours aux services de Dumont, chef de la SuretĂ©, prototype du policier avide de pouvoir. D'autres comparses gravitent autour de ces personnages, hommes politiques, truands, parents... L'intrigue est foisonnante, dĂ©lirante, les nuits de Paris sont pleines de stupre et de sang. L'auteur se livre Ă  une fĂ©roce satire de la sociĂ©tĂ© de son temps et dĂ©nonce la mĂ©diocritĂ© des Ă©lites, la dĂ©gĂ©nĂ©rescence de la noblesse et la corruption des politiciens. Extrait : Cependant, la jeunesse ne demandait qu'Ă  remuer, faire quelque chose, mais elle ne savait pas exactement quelle chose et les chefs qui jusqu'alors avaient tentĂ© de la grouper concevaient des buts tellement diffĂ©rents qu'ils annihilaient par cela mĂȘme leurs efforts. Seul, un jeune dĂ©putĂ©, indĂ©pendant, dĂ©tachĂ© de toute coterie, s'Ă©tait retournĂ© vers eux, mais pour faire entendre des paroles tellement nouvelles qu'il avait eu, du premier coup, les chefs contre lui qui le traitaient d'anarchiste. Il paraissait redoutable, moins parce qu'il voulait construire que parce qu'il voulait dĂ©truire. Il mettait dans le mĂȘme sac communistes, fascistes, et tous les parlementaires, mĂȘme ceux qui, revenus de l'extrĂȘme-gauche, prĂ©tendaient maintenant Ă  une politique «~nationale~». Il Ă©tait antidictatorial et dĂ©centraliseur. Il s'appelait Claude CorbiĂšres, avait dĂ©jĂ  portĂ© des coups terribles et gĂȘnait tout le monde. NĂ©anmoins ses confĂ©rences en province avaient eu un succĂšs considĂ©rable, surtout chez ceux qui ne se mĂȘlaient point de politique. En gĂ©nĂ©ral, il n'apparaissait que comme un nouvel Ă©lĂ©ment de dĂ©sordre. Au fond, le pays n'attendait plus qu'un miracle qui viendrait peut-ĂȘtre de l'excĂšs de ses maux. On cherchait de la consolation dans le souvenir des assignats le jour oĂč ils n'avaient plus rien valu, on avait cessĂ© de se leurrer de chimĂšres et la vie avait repris son cours normal. Certains trouvaient que la faillite Ă©tait lente Ă  venir. On repartirait du bon pied. Mais ceux qui avaient des rhumatismes goĂ»taient peu cette perspective. Malheur aux vieillards~! Il fallait rester jeune ou le paraĂźtre.