Paul Esnault prend le train pour se rendre à des obsèques dans une petite ville nommée Lahaye. Il y a autrefois passé les vacances d’été chez ses grands-parents. Il se remémore le dernier été, l’été 1964, à partir duquel il n’est plus revenu dans cette petite ville de Touraine. Ce fut l’été des initiations amoureuses, l’été où il sortit de l’enfance. Un été qu’il passa entouré de Suzanne, sa grand-mère devineresse, son grand-père spécialiste en appareils ménagers, ses oncles Dédé, revenu d’Algérie, et Bertrand doué pour bidouiller n’importe quel circuit électrique. À la table familiale il y avait aussi sa mère, Louise, et la femme de Bertrand, Marie-Claire. Et parfois Joseph, voisin et ami du grand-père Brain, un ancien professeur qui bricole dans le jardin et le verger et qui, aux dires de Suzanne, a la langue bien pendue. Pouvait aussi s’y asseoir monsieur Bourgueil, ami de pêche d’André. Mais surtout, de derrière le mur de la cour, on pouvait entendre le piano de Charlotte Versini...