« Ma mère, contre toute attente et pour éviter tout esclandre, a accepté de se plier au rite de la cérémonie à l'église. Elle avait raison : on s'y ennuie. L'atmosphère est froide, pesante. Pendant une demi-heure, des personnes, choisies parmi les proches, se sentent obligées de lire des textes qu'ils ont composés à ma gloire pour chagriner l'assemblée et sûrement pour oublier un instant, en me faisant passer pour un homme vertueux et ô combien probe, toutes les indélicatesses qu'ils m'ont fait subir de mon vivant et inversement. Amen. J'ai vécu au milieu de deux mondes séparés par un gouffre culturel et par deux façons totalement antagoniques de voir et de vivre la vie. Il a fallu que je compose avec cela pendant quelques années. C'était, je vous l'avoue, épuisant. Je ne suis pas mécontent d'être là. J'ai la paix. Je peux réfléchir et faire un point sur mon existence. J'ai du temps. Avant, je n'en avais pas sauf quand j'allais à la pêche. Mais c'est une autre histoire... »