Alfred de Musset (1810-1857)
"VAN BUCK : Monsieur mon neveu, je vous souhaite le bonjour.
VALENTIN : Monsieur mon oncle, votre serviteur.
VAN BUCK : Restez assis ; j’ai à vous parler.
VALENTIN : Asseyez-vous ; j’ai donc à vous entendre. Veuillez vous mettre dans la bergère, et poser là votre chapeau.
VAN BUCK, s'asseyant : Monsieur mon neveu, la plus longue patience et la plus robuste obstination doivent, l’une ou l’autre, finir tôt ou tard. Ce qu’on tolère devient intolérable, incorrigible ce qu’on ne corrige pas ; et qui vingt fois a jeté la perche à un fou qui veut se noyer, peut être forcé un jour ou l’autre de l’abandonner ou de périr avec lui.
VALENTIN : Oh ! oh ! voilà qui est débuter, et vous avez là des métaphores qui se sont levées de grand matin.
VAN BUCK : Monsieur, veuillez garder le silence, et ne pas vous permettre de me plaisanter. C’est vainement que les plus sages conseils, depuis trois ans, tentent de mordre sur vous. Une insouciance ou une fureur aveugle, des résolutions sans effet, mille prétextes inventés à plaisir, une maudite condescendance, tout ce que j’ai pu ou puis faire encore (mais, par ma barbe ! je ne ferai plus rien !)... Où me menez-vous à votre suite ? Vous êtes aussi entêté..."
Valentin, 25 ans, passe sa vie à s'amuser. Sans fortune, c'est son oncle Van Buck qui l'entretient. Van Buck, fatigué du comportement de son neveu, lui suggère d'épouser la riche Cécile de Mantes. Valentin décide de prouver à son oncle que ce mariage est grotesque...
Comédie en 3 actes