Débiteur moral insolvable de l'abbaye de Port-Royal à qui il devait d'être resté en vie, l'« orphelin Racine » a trouvé dans un théâtre longtemps résolument frondeur chez lui, l'« issue corporelle pour son âme » qu'il cherchait avidement. En osant défier l'intransigeance castratrice d'une mère adoptive pervertie par la névrose janséniste, il a en tout cas réussi, au moins dans l'écriture, à sortir de l'infernal « pas de place pour deux » devant lequel, d'avoir dû « haïr avec fureur » pour ne pas avoir pu « aimer avec passion », bien des fils qu'il a imaginés ont fini par s'incliner. Sans aucun doute possible, le « Je meurs si je vous perds, mais je meurs si j'attends » du vers 972 d'« Andromaque », c'est d'abord à la vie elle-même que cet « orphelin » n'a cessé de l'adresser.