« L’île aux goélands », une maison pour seniors. Entre ses murs, la vie – ou ce qu’il en reste – se déroule placidement et mollement, chacun vaquant à ses petites habitudes. On déblatère, on s’entretient physiquement, on s’accroche à son idole, le temps rythmé par les soaps et les jeux télévisés qui maintiennent un semblant de vie collective. Le quotidien paresse, à l’écart du monde et du tumulte… Pourtant, une révolution est en marche. En effet, une nouvelle résidente s’apprête à faire son entrée dans ce petit univers et à en perturber la morne quiétude. Elle, c’est Mme Henriette Lipotzwicsky – comme tout le monde, appelez-la Henriette –, bienfaitrice fortunée et accessoirement ancienne propriétaire du domaine, bien décidée à transformer ce cloître en lieu de vie… « La Guerre des bougons » ou quand un mouroir revit… Après sa tendre et cruelle « Maison près de la fontaine », Philippe Démotier nous revient avec un récit doux-amer sur le troisième âge. Ainsi, c’est avec un plaisir intact que nous pénétrons dans ce roman où les seniors, emmenés par une philanthrope convaincue, prennent l’initiative de bouleverser leur cadre de vie pour renouer avec le monde moderne et influencer le destin. Décapant et truculent, acide et enjoué, « La Guerre des bougons » dynamite les représentations les plus mièvres ou sentimentalistes de la vieillesse pour livrer une fable survitaminée où l’humour fait aussi place au sérieux.