La nation suisse n'existe pas, si ce n'est comme un espace géographique sur la carte européenne. Tel est le constat dressé en 1814 par Stratford Canning, envoyé spécial britannique en Suisse.
Désunis, tiraillés entre des intérêts divergents, les cantons se montrent incapables de reconstruire un état commun. La Suisse va-t-elle disparaître ? Soucieuses de la stabilité géopolitique de l'Europe, les grandes puissances ne le tolèrent pas. Sous leur pression, le Pacte de 1815 donne naissance à une nouvelle Confédération. Sa souveraineté reste toutefois très relative : au protectorat français succède la tutelle des signataires du traité de Vienne. Un demi-siècle plus tard, la Confédération s'est défaite du statut d'État tampon sous influence pour s'affirmer comme un petit état neutre et indépendant.
Emblématique, le traité négocié à Paris en 1857 contraint l'aigle prussien à retirer ses serres de Neuchâtel, marquant la fin définitive d'une ingérence étrangère en terres helvétiques. Ce livre retrace le chemin parcouru en analysant les moteurs de la construction d'une Suisse pleinement souveraine.