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Le Jardin du Silence et la Ville du Roy

Livre numérique


J'ai fui la ville d'or où les flots et les filles

Se disputent l'amour

Car une ombre pesait sur mon coeur qui vacille,

Découronnant mes jours.

Mes mains n'étreignent plus cette chair palpitante

De l'âcre volupté.

Mes cyprès et mes pins ont la voix consolante

De l'immortalité.

Je change de rosier quand l'élan de ma vie

Garde encor sur ses traits

D'une part la douleur, d'une autre l'harmonie

Qu'augmentent mes regrets.

Ils ne sont point porteurs des vaines pénitences

Et des chers repentirs ;

Ils ne sont les enfants que de cette distance

Creusée par l'avenir.

Sait-on jamais ce qui vaut mieux d'un paysage,

D'une aurore ou d'un soir ?

Malgré la branche offerte à la fleur de passage,

De louer mon espoir

Ne me fait condamner le passé que je laisse.

Je dis à mon jardin :

Si je puis vivre mieux dans ta claire sagesse

Je te donne mes mains.