La révolution du "New Space", célébrée pour avoir remis l’aventure spatiale au goût du jour après des décennies d’errement, c’est avant tout de nouveaux principes empruntés du Far West en vertu de la devise du "premier arrivé, premier servi". C’est une puissance publique à la traîne, peinant à imposer ses règles face à des entrepreneurs sans scrupules. Ce sont des satellites déployés par dizaines de milliers en orbite basse, au mépris des risques de saturation et de collisions entre objets spatiaux ou d’une dégradation des conditions d’observation du ciel. C’est une glorification du tourisme spatial, lubie absurde dans le contexte de crise généralisée que nous connaissons. C’est une escalade à l’armement d’un nouveau genre, qui n’est pas pour apaiser les tensions sur Terre. Ce sont enfin des fantasmes d’exploitation de ressources extra-atmosphériques, n’ayant d’autre effet que de détourner notre regard de l’urgence de prendre soin de notre planète. Autrefois perçue comme une noble entreprise, l’aventure spatiale se démocratise et laisse la place aux ambitions les plus voraces et décomplexées, celles-là mêmes qui ont provoqué tant de dégâts à la surface de la Terre. Qui sont les nouveaux saccageurs de l’espace mus par des intérêts essentiellement personnels ? Le livre de Raphaël Chevrier offre un panorama complet des problématiques liées à l’exploration spatiale aujourd’hui.