« Combien de pleurs, combien de canons faut-il aux hommes pour gagner la paix ? Facile de faire une guerre, mais le plus dur est de faire la paix. Combien de villages s'éteindront, disparaîtront de nos cartes ? Et combien se diront : “Y avait-il un village ici, une rivière qui passait là ? Qui peut me prouver qu'il y avait une petite plage de sable fin auprès de cette cascade ? Y avait-il des galets ?” J'espère que, dans le futur, l'histoire des vies oubliées restera gravée quelque part. Combien d'au revoir, d'adieux, de lettres sans lendemain perdus ? Moi, j'écris à la lueur des bougies espérant qu'un jour, quelqu'un lira ceci, ce que j'écris sur ce morceau de papier, et qu'il en parlera partout. Et qu'il fera connaître ce que des hommes ont subi pour la liberté de leur pays, et la leur. » L'errance et la quête de la paix, les revers de la destinée et la solitude, le sentiment d'abandon et la famille... ces sujets imprègnent profondément l'écriture de P. Masseron qui, au fil de ces nouvelles, dévoile une sensibilité tout en pudeur et retenue. De même qu'il témoigne d'une rare faculté à investir des points de vue différents ou d'une aspiration vers une forme quasiment poétique. Longues ou fulgurantes, nostalgiques ou plus caustiques, ces nouvelles ont, quoi qu'il en soit, ce pouvoir de nous plonger immédiatement dans leurs mille ambiances et sont autant de fenêtres ouvertes sur des petits univers intérieurs que l'on parcourt avec avidité.