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Une dette de jeu

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Cette cruelle nouvelle sur l'addiction au jeu de Louis Sonolet (1872-1928) est parue dans la Revue politique et littéraire en 1905.

« En attendant, M. de Bressoles agrandit considérablement son train d'existence, grâce à l'argent qu'il retira, une fois sa dette payée, dé la vente des bois de Cheffontaine. L'amour était son excuse. Il adorait de plus en plus cette Gisèle du théâtre Feydeau, que Saint-Rémi et Lamaze lui avaient fait connaître. Elle avait une si douce façon de l'appeler « Mon cœur », en le regardant de côté, avec un gracieux mouvement de tête qui lui rappelait les douces heures d'antan dans les pavillons de verdure de Trianon. M. de Bressoles entoura sa nymphe du luxe le plus raffiné. Il la couvrit de bijoux et d'étoffes rares, afin qu'elle parût avec plus d'éclat encore dans le ballet d'Euphrosine et Conradin. La belle voulait son carrosse au mois ; elle l'eut. Et comme il n'est de magnificence qui ne se paie, M. Bressoles entamait, entamait toujours. Cheffontaine diminuait peu à peu comme un pâté qu'on livre à de joyeux convives. »

Source: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k214848m/f241.image