« C'étaient des paroles du quotidien, des mots que des gens, dans une relation cordiale, auraient pu s'échanger. La presse l'avait baptisé “Le tueur fou” et moi j'avais une version autre de cet homme. Je n'étais pas dupe, il avait tout intérêt à se montrer aimable et sympathique. Il respirait à mon côté en me souriant la plupart du temps. C'était une étrange vie de couple. La “conjugalité” veut dire exactement se tenir sous le même “joug” comme les bœufs à tirer la charrue. Le joug était lourd à porter, mais au bout du sillon la liberté pour lui et le retour au calme pour moi, alors il fallait s'y tenir. » Témoignage qui prend les apparences d'un huis clos entre un homme en cavale et une femme qui accepte malgré elle de l'héberger quelques jours, Une version des faits revient sur la figure criminelle de Pierre Conty, porteuse des espoirs et désillusions de tout un mouvement libertaire et anarchiste. Récit d'un face à face étonnant, voire déstabilisant, ce texte ne consiste ni en un mea culpa, ni en un jugement, ni encore en une tentative de justification a posteriori de la part de son auteur, mais se focalise sur cette rencontre – et cette intimité – improbable, incertaine, voire électrique et dangereuse entre deux personnalités brutes et sans concession.