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Les Chiens de garde

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Les Chiens de garde est un essai de Paul Nizan paru en 1932. Il s'agit d'un essai pamphlĂ©taire dirigĂ© contre quelques-uns des philosophes français les plus connus de l'Ă©poque : Bergson, Émile Boutroux, Brunschvicg, Lalande, Marcel, Maritain... Pour Paul Nizan, lui-mĂȘme alors jeune philosophe communiste, ces penseurs incarnent une « philosophie idĂ©aliste », en ce sens que tous ne font qu'Ă©noncer des vĂ©ritĂ©s sur l'homme en gĂ©nĂ©ral,

et de ce fait ne tiennent aucunement compte du réel quotidien auquel chaque homme en particulier se trouve confronté : la misÚre matérielle, la maladie, le chÎmage, les guerres, etc. Pour l'auteur, qui fonde son argument en s'appuyant sur la notion marxiste de lutte des classes, ces philosophes n'ont d'autre but, au fond, que de justifier et de perpétuer les valeurs morales et socioéconomiques de la classe bourgeoise. Selon lui, leur idéalisme leur interdit toute analyse de l'exploitation de la classe prolétarienne par la bourgeoisie.

L'actualitĂ© des Chiens de garde, nous aurions prĂ©fĂ©rĂ© ne pas en Ă©prouver la robuste fraĂźcheur. Nous aurions aimĂ© qu'un mĂȘme cĂŽtĂ© de la barricade cessĂąt de rĂ©unir penseurs de mĂ©tier et bĂątisseurs de ruines. Nous aurions voulu que la dissidence fĂ»t devenue Ă  ce point contagieuse que l'invocation de Nizan au sursaut et Ă  la rĂ©sistance en parĂ»t presque inutile. Car nous continuons Ă  vouloir un autre monde. L'entreprise nous dĂ©passe ? Notre insuffisance Ă©puise notre persĂ©vĂ©rance ? Souvenons-nous alors de ce passage par lequel Sartre a rĂ©sumĂ© l'appel aux armes de son vieux camarade : « Il peut dire aux uns : vous mourez de modestie, osez dĂ©sirer, soyez insatiables, ne rougissez pas de vouloir la lune : il nous la faut. Et aux autres : dirigez votre rage sur ceux qui l'ont provoquĂ©e, n'essayez pas d'Ă©chapper Ă  votre mal, cherchez ses causes et cassez-les. »