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Les pieds-fourchus

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Les Nombreuses Superstitions qui régnaient dans la Nouvelle Angleterre, avant la guerre de l'indépendance, ont survécu dans beaucoup de contrées.

MalgrĂ© le progrĂšs de la civilisation, elles maintiennent leur empire sur l'inculte population des frontiĂšres. Si l'on eĂ»t consultĂ© l'almanach, le printemps Ă©tait arrivĂ©; mais on pouvait se croire en plein hiver dans le district du Maine, si l'on regardait les neiges entassĂ©es sur les montagnes, les glaces flottant sur les cours des riviĂšres, sur les ondes paisibles des lacs; l'horreur sombre des brouillards serpentait jour et nuit sur les montagnes, l'Ăąpre concert des tempĂȘtes rugissait dans les grands bois, le dĂ©sert Ă©tait sillonnĂ© par les tourmentes.

Au lieu de l'aubépine joyeuse, des fleurs de mai, des jeunes pousses de l'érable à sucre, on voyait partout un blanc manteau de neige: c'était la joie des enfants, qui, peu soucieux de la saison, bùtissaient des maisons fondantes, se lançaient des boules faciles à briser, glissaient, tombaient et se poursuivaient joyeusement, se lançant en l'air leurs chaudes haleines qui formaient de petits nuages éphémÚres.

Cependant, Ă  l'hĂŽtellerie de l'oncle Jerry, nonobstant nuages et tempĂȘtes, se faisaient de merveilleux prĂ©paratifs de noces. Tous les voisins du New Hampshire et du Vermont, Ă  quarante milles Ă  la ronde, Ă©taient prĂ©venus qu'on ne pouvait manquer un tel rendez-vous, les sentiers fussent-ils rompus, les passages des montagnes interceptĂ©s, les ruisseaux dĂ©bordĂ©s: jamais pareille assemblĂ©e n'aurait Ă©tĂ© vue, depuis l'inauguration de la nouvelle Ă©glise...