(0)

UN LONG VOYAGE ou L'empreinte d'une vie - tome 24

E-book


Encore sous le coup de son accident de moto et de sa condamnation à quinze jours de prison avec sursis, Louis pense que le moment est venu : Nadine et lui doivent quitter Saint-Valat, son temps de chien, ses mornes horizons et ses pipelettes. Il s'est décidé à aller prospecter la CÎte d'Azur, et plus particuliÚrement la région de Grasse, moins chÚre que le bord de mer. Mais il faut ménager HélÚne et Germaine, leurs mÚres respectives, et leur laisser croire qu'ils partent pour quelques jours de repos (fin du tome 23).

Au chef-lieu, départ au petit matin, le car, puis le train. Cannes, et enfin l'autobus pour Grasse. S'enquérir d'abord d'une chambre : un petit hÎtel prÚs de la Place aux Aires fera l'affaire, puis d'une agence immobiliÚre : ce sera Courrin, boulevard du Jeu de Ballon.

Une premiĂšre maison, lĂ©preuse, dans la direction de Nice, la seule dans leurs moyens. Le spĂ©cialiste conseille le Var, plus accessible que les Alpes-Maritimes. Une vingtaine de kilomĂštres vers Draguignan, une bifurcation Ă  droite, et une route qui escalade un versant abrupt, dĂ©bouchant sur une vaste place ombragĂ©e de platanes : Saint-Martin. Au-delĂ , aprĂšs un tournant, un autre village apparaĂźt, enroulĂ© autour de son chĂąteau-fort : Esclarmont. On s'arrĂȘte. La maison, un peu plus haut, est visible de la route et semble engageante. L'agent, soucieux de prĂ©venir le propriĂ©taire, laisse ses clients et prend le raidillon. Mais il redescend presque aussitĂŽt : un mot sur la porte indique qu'il sera absent pour la journĂ©e. Retourner Ă  Grasse et revenir aprĂšs dĂ©jeuner avec la clĂ© ? Oui, mais eux vont rester sur place ; seuls, ils pourront explorer Ă  leur aise.

À leur tour d'emprunter le sentier. Un petit jardin non clĂŽturĂ©, une vue imprenable sur l'EstĂ©rel... ils rĂȘvent dĂ©jĂ . Ils font le tour de la bĂątisse, et lĂ , patatras ! une autre vue imprenable, sur le cimetiĂšre. Ils n'ont plus qu'Ă  rentrer par l'autobus, et en attendant, se trouver un restaurant pour dĂ©jeuner en amoureux. Sur la route, ils rattrapent un grand paysan Ă  casquette, chaussĂ© de sabots : "Bonjour, monsieur, vous ne connaĂźtriez pas quelque chose Ă  vendre, par ici ? - Une maison, non. Mais si c'Ă©tait pour un terrain..."