Le golfe dâAden est une vaste baie Ă©tendue entre la corne de lâAfrique et la cĂŽte sud de la pĂ©ninsule Arabique. Long dâun millier de kilomĂštres, et dâune largeur de 150 Ă 400 kilomĂštres. Nây croisent plus que des tankers gigantesques, hermĂ©tiquement clos, refermĂ©s sur eux-mĂȘmes, des boutres de caboteurs et des esquifs de pirates ou de pĂȘcheurs - bateaux sommaires, offerts Ă tout vent. Les premiers y passent sans traĂźner ni sâarrĂȘter, les autres y courent le large, ni plus ni moins que comme il se doit : tantĂŽt pour leur bonheur, tantĂŽt pour leur malheur. Quotidiennement, les pĂȘcheurs sây Ă©loignent des cĂŽtes sur leurs embarcations nâayant guĂšre Ă©voluĂ© depuis des centaines dâannĂ©es. De retour Ă terre, ces hommes de peine rompus Ă la souffrance et aux privations, mais cĂŽtoyant Ă©galement le merveilleux, doivent vivre comme tout un chacun, quoique selon leur propre vision de la vie. Car peut-ĂȘtre est-ce davantage que des prises Ă©caillĂ©es que les modestes pĂȘcheurs ramĂšnent aux terriens - de lâintemporel, aussi pur et nĂ©cessaire Ă lâĂȘtre humain que la chair des poissons. Mer et terre, deux mondes diffĂ©rents, opposĂ©s mais complĂ©mentaires, tous deux constitutifs, avec le ciel, de cette merveille sur laquelle nous posons nos regards. Et Ă©voluons.
Ă PROPOS DE L'AUTEUR
SĂ©bastien Deledicque, 43 ans, a vĂ©cu au YĂ©men de 2002 Ă 2015. DĂšs 2005, il y acquiert un houri, bateau traditionnel local, lui permettant de partager le quotidien des pĂȘcheurs dâAden, tant sur mer que sur terre. Revenu en France depuis le dĂ©but de la guerre en cours, son amitiĂ© avec le peuple yĂ©mĂ©nite lâincite Ă tĂ©moigner. SĂ©bastien Deledicque se consacre aujourdâhui Ă lâĂ©criture littĂ©raire.