Au printemps de 1853, je fus désigné par l’Amirauté américaine pour commander la seconde expédition que notre gouvernement envoyait à la recherche de sir John Franklin. M. Grinnell, qui avait si libéralement contribué à la première expédition, dont je faisais partie, mit à ma disposition le brick l’Advance, et M. Peabody de Londres, avec cette générosité qui lui a acquis tant de sympathies en Amérique, pourvut abondamment à l’installation de notre navire.
Nous étions dix-sept à bord ; équipage d’élite, s’il en fut jamais ; tous volontaires ; tous hommes énergiques, résolus, comprenant le danger, et préparés à lui opposer un cœur intrépide et un front calme. La seule loi du bord, à laquelle on ne manqua jamais dans tout le cours de notre longue et douloureuse expédition était : obéissance absolue au capitaine ou à son représentant ; abstinence complète de liqueurs fortes ; abstention absolue de tout langage grossier.
Partis de New-York le 30 mai 1853, nous mîmes dix-huit jours à gagner Terre-Neuve, où nous reçûmes l’accueil le plus cordial ; de là nous fîmes voile vers la baie de Baffin. Les sondages, exécutés avec le plus grand soin à l’entrée du détroit de Davis, dans l’axe même de cette baie, donnèrent en moyenne 1900 fathoms (3400 mètres), fait intéressant qui prouve que la chaîne sous-marine, qui s’étend entre l’Irlande et Terre-Neuve, subit une dépression au débouché du courant polaire dans le nord de l’Atlantique.