Vivre ailleurs, s'installer durablement et changer de perspectives : des récits d’écrivains contemporains sur cette expérience fantasmée et vécue, faite d'émotions et de résonances.
Pourquoi tous ces morts au beau milieu de l’Afrique coloniale ? Pourquoi cet oubli incompréhensible ? Ce silence, que rien ou si peu ne vient troubler ? Les faits, pourtant historiques, se sont déroulés au vu et au su de tous, décidés en plein cœur de l’Europe consciente, documentée, active. Tout a été écrit, lu, dénoncé, prouvé, argumenté. À aucun moment, il n’a été possible de l’ignorer, même par courtoisie. Mais comme par un enchantement diabolique, les morts du Congo, victimes de Léopold II roi des Belges, ont disparu sans laisser de traces. Ils se sont littéralement volatilisés. Pas une ligne dans les livres d’histoire. Aucun souvenir dans la mémoire des peuples. Pas de résurgences en ces temps de repentance. À croire que l’existence même de ce crime de masse, qui a précédé tous les autres, est sujette à caution.
On parle aujourd’hui de dix millions de morts et disparus entre 1885 et 1908, soit le tiers de la population concernée. Sans compter les mutilés, impossibles à dénombrer. Dix millions, victimes de la cupidité d’un seul. A-t-on déjà vu cela dans notre époque « moderne » où pourtant les exemples ne manquent pas ?
« Le plus grand crime de tous les temps. » (Arthur Conan Doyle, 1909)
EXTRAIT
Le fleuve Congo, avec ses alentours impénétrables, est resté longtemps un mystère. Autour de lui s’étalait une large tache blanche sur les cartes du monde telles que les géographes les remplissaient de lignes et de contours de plus en plus précis. Et longtemps, cette grande région est restée inaccessible aux yeux des hommes, l’une des dernières, une de celles qui faisaient rêver le futur Joseph Conrad quand il était petit et qu’il pointait le doigt sur ces endroits supposés vierges en disant : « Quand je serai grand, j’irai là ! » Il a tenu parole. D’autres avant lui s’y sont risqués. Nombreux.
D’abord un Portugais, en 1680, Duarte Lopez, précurseur comme tous ses concitoyens de la découverte occidentale du monde ; un autre Portugais, encore, avait traîné dans les parages dès 1482, mais il ne s’était pas attardé, ce qui n’a pas empêché son pays de revendiquer une supposée antériorité de « propriété ».
Joseph Conrad, Mark Twain, Conan Doyle, Roger Casement, Edmund Dene Morel et beaucoup d’autres ont dénoncé ces forfaits à l’époque même où ils se déroulaient. Sur leurs pas, restituant le contexte et les témoignages, Marc Wiltz s’interroge sur cette disparition insensée…
A PROPOS DE L’AUTEUR
Né le 12 septembre 1961 à Saint-Mandé, Marc Wiltz a passé toute son enfance au Havre jusqu'à 22 ans. Diplômé de l'ESC du Havre 1983 (qui lui a appris à gérer des budgets), Marc Wiltz essaye le théâtre, la radio (Porte Océane au Havre), l'édition (Petit Futé en 1983) et un stage de deuxième année à la maison de la Culture (Le Volcan au Havre). Puis il travaille chez IBM, passe deux ans en Afrique, avant de devenir gestionnaire de studios de tournage de cinéma pendant 4 ans.
Marc Wiltz a toujours eu deux passions dans l'existence : les livres et les voyages, ce qui l'a amené à créer MAGELLAN & Cie en 1999 pour les conjuguer. Cette maison d'édition compte aujourd'hui 250 titres au catalogue, pour beaucoup d'entre eux basés sur un montage « cinéma » comme l'éditeur aime à le rappeler, c'est-à-dire en cherchant à trouver l'équivalent des avances sur recettes...