Un recueil de textes littéraires sur les femmes, et le fleuve...
Amazone, amazone, amazone, Amazone. Le fleuve et la guerrière, deux puissances que seule la majuscule distingue. Le plus long cours d’eau de la planète, puisqu’il s’écoule sur 6 800 kilomètres, au débit de quelque 230 000 mètres cubes d’eau à la seconde, doit son nom, dit-on, à ces femmes armées d’arc aux flèches empoisonnées qui opposèrent une résistance forcenée aux conquistadors.
Découvrez le numéro 280 de la revue Marginales, la voix de la littérature belge dans le concert social. Sous la direction de Jacques De Decker.
EXTRAIT DE A-mazon par Véronique Biefnot
Est-ce précisément pour ça qu’elle a choisi, la carne, de te frapper là ?
Te frapper là, précisément, où tu mettais tant de fierté ?
Bercée, en ces années quarante, aux gorges hollywoodiennes et triomphantes des Maryline, Jane ou Rita.
Conditionnée dans les fifties par les tétons latins et arrogants des Gina, Sophia ou Claudia de Cinecitta.
Dopée par la séduction glandulaire affichée des Raquel, Brigitte ou Ursula.
Bustes en bataille, jetés en pâture à tant de regards, concupiscents ou envieux ; seins de lait voluptueux de madone… dolce vita.
Tu as poussé tes nichons au milieu des autres femelles avec la conscience aiguë d’avoir là, sous la main, d’imparables arguments ; la séduction biberonnée par tant d’augustes mamelles en Technicolor et grand format, comment aurait-il pu en être autrement ?
Doux seins, seins de déesse, planqués ou plantureux, au lourd potentiel érotique, valeur refuge, symbolique, maternante, repos du guerrier et de l’enfant, bientôt démodés par la déferlante androgyne des années psychédéliques… Hello Jane !