Parmi les séquelles qu’une mère indigne dépose dans l’esprit d’un enfant martyre, on trouve la pulsion conduisant à la pire extrémité...
« C’est alors qu’Élise percevait le couinement des gonds. L’ombre de la dame, qui se précipitait en quelques pas sourds à son chevet ; la fillette tentait d’appuyer sur l’interrupteur ; trop tard ! Elle avait à peine le temps d’apercevoir deux yeux haineux et striés de veinules apparaître dans une violente clarté jaunâtre, qu’une main noueuse comme des serres d’aigle dévissait l’ampoule. L’autre main se plaquait sur sa bouche.« Crie ! », menaçait sa mère, « ose crier ! » Les doigts pointus s’enfonçaient dans ses joues. — Tu es moche ! Personne ne t’aime ! » En pleine liquéfaction, Élise avait mouillé son drap, des larmes roulaient sur sa figure tordue de terreur. »
Si l’enfant martyre est une figure maintes fois rencontrée en littérature noire, c’est dans la manière de la traiter que réside l’intérêt de la nouvelle de Gaëtan Brixtel dont le style s’affirme au fil des publications.