(0)

Du sang sur le Nil : L'espion X. 323 - volume III

E-book


Paul d'Ivoi (1856-1915)

"Le 15 janvier, dans cet hiver égyptien doux comme un printemps, ma chÚre Ellen et moi, mariés depuis trois mois, nous étions postés sur la toiture-terrasse de notre joli home du Caire.

AllongĂ©s sur des chaises longues de bambou, nous rĂȘvions.

La nuit opaline de la vallĂ©e du Nil nous entourait de sa pĂ©nombre bleue, Ă  travers laquelle se confondaient des chants, venant de la ville, ou des daha-biehs (bateaux) amarrĂ©es sur le fleuve, d’oĂč se dĂ©tache le canal IsmaĂŻlieh, en bordure duquel se trouvait notre demeure, poĂ©tiquement dĂ©nommĂ©e Villa de l’Abeille.

Dans la rumeur nocturne, il nous semblait discerner les inflexions rauques des Ăąniers excitant leurs bĂȘtes, la mĂ©lopĂ©e des conteurs narrant, Ă  l’angle des carrefours, les prouesses d’Antar, le hĂ©ros arabe, ou les aventures de la MahmoudiĂ© aux cheveux verts.

Et, toute pĂ©nĂ©trĂ©e de la mythologie Ă©gyptiaque, que, depuis trois mois, nous avions Ă©tudiĂ©e en de longues et douces excursions Ă  Giseh, Ă  la ForĂȘt pĂ©trifiĂ©e, Ă  Zaouyieh-El-Arran, Aboussi, Sakhara, Memphis, Dahehour, Helouan, Ellen murmura :

– Ne vous semble-t-il pas, Max, que sur cette plate-forme dominant la ville nous devenons plus que des ĂȘtres humains ? Pour moi, je vois en vous le divin Osiris, pĂšre du Nil, et je suis Isis, casquĂ©e du croissant lunaire ; nous Ă©coutons, du haut d’un olympe, le bourdonnement de l’humanitĂ© ; si haut au-dessus d’elle que, dans le murmure imprĂ©cis, nous ne distinguons plus le blasphĂšme de la priĂšre.

Je la regardai surpris."

Marié à Ellen, la soeur cadette de l'espion X. 323, Max Trelam, journaliste au "Times", espÚre passer une lune de miel tranquille au Caire (Egypte)... Mais une étrange comÚte rouge apparaßt dans le ciel...

TroisiĂšme et dernier opus de la trilogie "L'espion X. 323".