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La San Felice IV

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Revenant d'Aboukir oĂč la flotte britannique a vaincu Bonaparte, l'Amiral Nelson est reçu en triomphateur Ă  la cour de Naples. Garat, ambassadeur de la RĂ©publique, fait irruption dans cette manifestation d'hostilitĂ© anti-française et promet la guerre au Royaume de Naples. Trop vite cependant : le soir mĂȘme, Salvato Palmieri, agent envoyĂ© de Rome par le gĂ©nĂ©ral Championnet pour informer Garat de la situation des Français et l'inviter Ă  gagner du temps, est attaquĂ© par les sbires de la reine Marie-Caroline de Naples. LaissĂ© pour mort, il est recueilli par Luisa San Felice, jeune Napolitaine Ă©pouse du chevalier San Felice, vieil homme de lumiĂšres et bibliothĂ©caire Ă  la cour. Extrait : C'est une chose remarquable, Ă  Naples et dans les provinces mĂ©ridionales, que la part que prennent les forçats Ă  toutes les rĂ©volutions. Comme les gouvernements despotiques qui se sont succĂ©dĂ© dans l'Italie mĂ©ridionale, depuis les vice-rois espagnols jusqu'Ă  la chute de François II, c'est-Ă -dire depuis 1503 jusqu'en 1860, ont toujours eu pour premier principe de pervertir le sens moral, il en rĂ©sulte que le galĂ©rien n'y inspire point la mĂȘme rĂ©pulsion que chez nous. Au lieu d'ĂȘtre parquĂ©s dans leurs bagnes et sans communication avec la sociĂ©tĂ© qui les a repoussĂ©s de son sein, ils sont mĂȘlĂ©s Ă  la population, qui ne les rend pas meilleurs et qu'ils rendent plus mauvaise. Leur nombre est immense, presque le double de celui de la France, et, Ă  un moment donnĂ©, ils sont pour les rois, qui ne dĂ©daignent pas leur alliance, un puissant et terrible secours Ă  Naples, -- et, par Naples, nous entendons toutes les provinces napolitaines. Il n'y a pas de galĂšres Ă  vie. Nous avons fait un calcul, bien facile Ă  faire, du reste, qui nous a donnĂ© une moyenne de neuf ans pour les galĂšres Ă  vie. Ainsi, depuis 1799, c'est-Ă -dire depuis soixante-cinq ans, les portes des galĂšres ont Ă©tĂ© ouvertes six fois, et toujours par la royautĂ©, qui, en 1799, en 1806, en 1809, en 1821, en 1848 et en 1860, y recruta des champions. Nous verrons le cardinal Ruffo aux prises avec ces Ă©tranges auxiliaires, ne sachant comment s'en dĂ©barrasser, et, dans toutes les occasions, les poussant au feu.