Un contremaitre aux mains baladeuses, une grĂšve dure, un concert sur fond de palettes qui brulent et des CRS qui donnent lâassaut. Ambiance trĂšs noire garantie....
Martine est debout devant son vestiaire. Le claquement de la porte métallique résonne dans le local quasiment vide. Celles qui viennent encore travailler se parlent à voix basse. Malgré cela les chuchotements font écho.
Martine passe ses mains sur ses hanches. La blouse commence Ă tirer. Ăa plisse autour des boutons. BientĂŽt ça se verra. Quand elle a dĂ©passĂ© le piquet de grĂšve, les filles lâont interpellĂ©e comme tous les matins. Elles ont criĂ©. Mais Suzanne, la plus ĂągĂ©e de toutes, celle qui a Ă©tĂ© licenciĂ©e en premier, nâa rien dit. Elle lâa juste examinĂ©e, sâattardant Ă la taille, puis a serrĂ© les lĂšvres en hochant lĂ©gĂšrement la tĂȘte. A lâheure quâil est, tout le monde doit savoir.
Il y a une grande AG cette aprĂšs-midi. Les filles lâont tannĂ©e pour quâelle y aille. La rĂ©union se fera sous le hall de dĂ©chargement. Plus de camion depuis le dĂ©but de la semaine. Les gars les arrĂȘtent au carrefour, Ă lâentrĂ©e de la zone industrielle. Mais il parait que les flics en ont arrĂȘtĂ© plusieurs hier.
HarcĂšlement sexuel, rĂ©volte ouvriĂšre, une peinture sans concession dâune grande grĂšve de 1983 soutenue par les BĂ©rurier Noir, une nouvelle soutenue par lâĂ©criture sĂšche et prĂ©cise de Jeanne Desaubry.