Devant des tueurs et des délinquants dangereux qu’il doit animer durant leur incarcération, Richard E. Tremblay, qui n’a alors qu’une formation en éducation physique, s’interroge : quand naît la propension à la violence ?
Cette simple interrogation le mène à une quête qui durera toute sa vie – et plus longtemps encore, car ses travaux ne font que commencer. Il suivra pas à pas la trajectoire de dizaines de milliers d’enfants très jeunes, de leur naissance jusqu’à l’âge de leur retraite, traçant des parallèles entre les comportements en maternelle et les difficultés d’adaptation à l’âge adulte. Il poursuit ses études sur les descendants de ses premiers sujets de recherche et les poursuivra encore avec les descendants de ceux-ci.
Un demi-siècle après avoir lancé sa première « étude longitudinale », le professeur Tremblay a acquis une notoriété mondiale : il est le sixième chercheur le plus cité au monde dans les études sur le développement de l’enfant. Maintes fois honoré pour ses travaux, il a apporté une réponse à sa question originelle. Selon lui, l’être humain naît méchant – les agneaux dans les garderies, en vérité, commettent le plus grand nombre de gestes agressifs de toute leur existence – et la société le pacifie. C’est une remise en question sans appel de l’idée dominante de Jean-Jacques Rousseau voulant que l’humain naît bon et que la société le corrompt…
Voici l’histoire d’un iconoclaste.