"Câest le mercredi 29 janvier 1862, que les Ă©poux Dumollard comparurent devant la Cour dâassises de lâAin Ă Bourg.
DÚs cinq heures du matin, une foule considérable se répand autour du palais. Elle grossit de moment en moment.
Dix heures sonnent. La salle est comble.
Ă ce moment des cris : « le voilĂ ! le voilĂ ! » retentissent Ă la porte de la prison. Câest Dumollard. Il agite son chapeau, sâĂ©criant : « oui, me voilĂ ! » Ces clameurs se rĂ©percutent au sein de lâauditoire et redoublent lâanxiĂ©tĂ©.
Dumollard apparaĂźt au milieu de quatre gendarmes. Sa femme le suit Ă quelques secondes. Ils sont placĂ©s lâun Ă cĂŽtĂ© de lâautre, sur le mĂȘme banc, Ă un mĂštre et demi de distance.
Martin Dumollard est ĂągĂ© de 52 ans. Sa taille est au-dessus de la moyenne (1 mĂštre 63 centimĂštres). Son tempĂ©rament est bilieux trĂšs prononcĂ© ; Ă premiĂšre vue on dirait voir un de ces bons campagnards de la Bresse, venant Ă nos marchĂ©s de Lyon, son teint est foncĂ©. Ses cheveux sont Ă©pais, plats et unis, sa barbe idem. Ses yeux sont bleus. Sa constitution est osseuse et sĂšche, son air commun, bonasse, pour nous servir dâune expression vulgaire ; sa figure est maigre, son nez quelque peu aquilin, les pommettes et les arcades sourciliĂšres sont saillantes, ses yeux sont ronds et enfoncĂ©s, son regard surprend par sa fixitĂ©, son calme, et sa dĂ©bonnairetĂ©."
Martin Dumollard est accusé d'avoir agressé des jeunes femmes cherchant à se placer. Son procÚs, qui débute le 29 janvier 1862, porte sur 12 agressions dont 3 avec assassinat. Son épouse est accusée de complicité...