Extrait : « Depuis que madame Daliphare savait son fils amoureux de Juliette, elle avait examiné toutes les probabilités qui pouvaient se présenter comme conclusion à cet amour.
Cependant il y en avait une qui nâavait point traversĂ© son esprit : câĂ©tait celle dans laquelle Juliette ne devenait pas folle de joie en apprenant que son mariage avec Adolphe Ă©tait assurĂ©.
Selon madame Daliphare, il devait alors se produire une explosion de reconnaissance qui jetait Juliette dans ses bras.
CâĂ©tait bien le moins. Un pareil mariage ! On ne passe pas ainsi tout Ă coup de la pauvretĂ© Ă la fortune sans un trouble de joie.
Aussi fut-elle dĂ©concertĂ©e en voyant la froideur de Juliette. Mais ce moment de surprise dura peu, et bien vite elle trouva une explication Ă lâattitude de Juliette.
â Elle veut se faire valoir, se dit-elle.
Et comme elle connaissait toutes les roueries Ă lâusage des commerçants qui veulent parer leur marchandise, elle se promit de ne pas se laisser prendre Ă cette ruse. Mais elle ne se fĂącha pas, et, au fond du cĆur, elle fut plutĂŽt satisfaite que blessĂ©e de rencontrer chez sa future belle-fille cette force de caractĂšre et cette habiletĂ© de conduite.
â Ce sera une femme quâon ne mettra pas dedans facilement.
Elle aimait les gens qui « ne se laissent pas mettre dedans », et, comme elle avait conscience de sa supĂ©rioritĂ©, il lui plaisait dâavoir affaire Ă ces gens-lĂ . La lutte la stimulait et lâĂ©gayait. »
Source: http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6358299m?rk=42918;4