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Les sages-femmes de Suisse romande au cœur d’une politique de contrôle : Une intrusion masculine dans un domaine féminin (1750-1850)

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En septembre 1850, Élise Bovay, une jeune domestique de 23 ans, comparait devant un tribunal pour infanticide après la découverte du corps d’un nouveau-né au fond de la cave de son père. En filigrane de la situation de cette jeune femme du milieu du XIXe siècle, c’est toute l’évolution de l’encadrement autour de la femme lors de son accouchement qui est représentée.

Cet ouvrage est une plongée dans le quotidien des femmes – matrones, sages-femmes et filles-mères – et leurs rapports au corps, à l’intime et à une société fortement attachée aux moeurs. En écho aux débats actuels sur la place des femmes et de leurs aspirations légitimes à pouvoir user de leur corps librement, ce livre fait ressurgir un passé résolument actuel.

Alors que traditionnellement, l’accouchement était un acte essentiellement féminin, encadré par des matrones et des voisines, qui permettait aux femmes de la communauté de se retrouver et d’échanger, il se met en place une nouvelle politique de contrôle des naissances au cours du XIXe siècle. Par crainte d’une dépopulation, les autorités régionales mettent en place un encadrement législatif et une formation professionnelle de sages-femmes dans le but de sauver les femmes en couches et leurs nouveau-nés.

L’homme prend le contrôle des naissances et la sage-femme devient un agent de surveillance pour les autorités qui dénonce les grossesses et les accouchements illégitimes. Cette nouvelle position rompt les rapports jusqu’alors privilégiés qui existaient dans le monde des accouchements. Les filles-mères, enceintes sans être mariées, en sont les premières victimes.