« Ce qui surprend Paul, en entrant au Moulin de la Vierge, câest lâabsolue immobilisme des Ăąmes. Il y a pourtant du monde, comme une agglomĂ©ration consensuelle de silences, de personnes, de gens, d'inconnus portĂ©s jusquâĂ ici par un flot.
Au-dehors, le temps est Ă©pouvantable. Un vent tempĂ©tueux se fracasse contre les vitres du bistrot, lâeau hĂ©site entre pluie et neige, lâhumiditĂ© transperce jusquâĂ la moelle, et certains clients se disent, dĂ©sabusĂ©s, quâavant peu, ils seront enrhumĂ©s.
Ce silence est singulier. Tant de personnes rĂ©unies dans un calme inquiĂ©tant, comme prĂȘtes Ă subir un drame. Heureusement, le bruit des bocks interfĂšre. Ă eux seuls, ils assurent un fond sonore qui rassure Paul, photographe. »