Poème après poème, Aimé Césaire construit et conquiert sa part de liberté. Recueil après recueil, l’aventure du poème de Césaire est revendiquée pour sa part collective. La part intime est ainsi noyée, dans la foule à côté du cri. Alfred Alexandre nous dit que la poésie de Césaire est avant tout récit de soi, conjurant les démons de l’histoire et les mauvais vents de ces poussières d’îles déportées. Aimé Césaire, c’est une parole d’abord intérieure, bien que prophétique, un jaillissement interne qui deviendra plus tard cadastre. Un sujet libre qui regarde souverainement le monde, et qui rêve de magies, de cris et d’armes miraculeuses.
Point de vue de l’auteur
Alors que l’habitude est de lire la poésie de Césaire à partir de sa théorie de la culture et de sa pensée politique (très postérieures, à vrai dire, à son engagement poétique), le pari de l’essai est de dégager le texte poétique du vacarme idéologique qui l’entoure. Pour le lire tel que Césaire a toujours demandé qu’on le fasse : c’est-à-dire comme l’expérience d’une écriture de soi. Partant systématiquement du « nous » au lieu de partir du « je », nous nous acharnons à lire les poèmes de Césaire à l’envers. Contre l’évidence du texte et des commentaires de Césaire lui-même. De ce point de vue, l’essai se contente de remettre le texte à l’endroit, en suivant à la lettre la lecture que Césaire a toujours faite de sa propre poésie.