Le destin tragicomique des enfants siamois de Rosa, la femme canon...
Joe, durant les aprĂšs-midi, jouait de son accordĂ©on au pied de notre roulotte. Il connaissait tous les morceaux de la Terre. Ce fut lui qui mâencouragea vraiment. On rĂ©pĂ©ta quelques chansonnettes rythmĂ©es par mon tambourinaire de frĂšre. Je maudissais chaque jour lâindividu qui lui avait offert cet horrible instrument en fer-blanc. Ăa Ă©nervait Joe ces battements Ă contretemps, mais il supportait cet inconvĂ©nient car il regardait souvent mes yeux. Joe mâa dit un soir quâil nâavait jamais vu un bleu aussi profond. Un bleu de lagon comme sur les photos des Ăźles lointaines. AprĂšs son numĂ©ro de pirouettes et de contorsions, Joe Kaoutchouc, lâacrobate Ă©lastique, revenait me jouer Le DĂ©nicheur. Je chantais ; il me disait : « Tâas une belle voix, tu sais ? »
Dans sa galerie de portraits des personnages difformes, estropiĂ©s, monstrueux, dignes des Freaks de Tod Browning, Max Obione nous prĂ©sente des sĆur-frĂšre siamois, enfants de la femme Canon, la plus grande attraction du cirque Karnas. Une histoire cocasse, cruelle mais sensible. AssurĂ©ment, votre sourire restera figĂ© sur vos lĂšvres...