Louis Boussenard (1847-1910)
"Une vibrante sonnerie de bugle retentit.
« Commencez le feu ! »
Brusquement l’avenue conduisant au village, dont la rue principale est barricadée, s’emplit d’une fumée blanche d’où surgissent, comme des éclairs, de longues coulées de flammes.
Une détonation violente que domine le déchirement strident de la mitrailleuse, éclate sous les arbres dont les feuilles s’échevèlent, comme sous la poussée d’un vent d’orage.
Là-bas, à cinq cents mètres, un ouragan de fer s’abat en même temps sur la barricade, broyant les madriers, faisant voler en éclats les pierres, mutilant affreusement quelques hommes.
« Dis donc, Louis, fait avec un intraduisible accent beauceron un vieux tout gris, d’une taille colossale, paraît qu’on nous accorde aujourd’hui les honneurs du canon. Mâtin !... on se met en frais, pour des sauvages ! »
– Honneur périlleux, mon cher Baptiste, répond cordialement un homme d’une quarantaine d’années, au visage énergique et sympathique, encadré d’épais favoris, et nous n’avons, pour répondre, que des fusils."
Suite à l'assassinat, par traitrise, de leur père lors d'une révolte contre les Anglais, trois frères métis Bois-Brûlés traversent la frontière américano-canadienne, afin de rejoindre leurs oncles. Leur route les met sur la piste du meurtrier de leur père...