Suite des aventures du policier détective Paulin Broquet.
Le début : « Le vieux Joseph, comme tous les matins, entra vers huit heures dans la chambre de son maître. Sur un plateau, il portait le petit déjeuner : des rôties, du beurre et du chocolat.
Joseph déposa le tout sur un guéridon rond en acajou du plus pur style Louis-Philippe, ce qui dénotait bien la mentalité artistique du maître du logis.
Pour déposer son plateau, Joseph plia un tapis vert chiné, aux franges usées, dans lequel il roula un jeu de cartes crasseuses, écornées, témoignant d’un long usage et d’une forte avarice.
L’ancien banquier, M. Thénin, en effet, quoique très riche, passait pour être plus qu’économe, et n’aimait pas sortir son argent.
Généralement Joseph, en entrant, entendait son maître lui crier joyeusement un bonjour, lui demander le temps qu’il faisait dehors. Rares étaient les matins où, comme aujourd’hui, son maître dormait encore quand il pénétrait dans la chambre.
Joseph avait la consigne, quand pareil cas se présentait, de ne pas avoir de scrupules et d’éveiller le dormeur.
En rangeant le tapis et les cartes, Joseph se disait : « Ah ! Monsieur a encore fait hier soir une grande partie avec M. Charles, une partie mouvementée pour dormir si fort ce matin. »