«Les Moujiks», premier de ces onze rĂ©cits donne le thĂšme de l'ensemble: malade, NicolaĂŻ, valet de chambre Ă Moscou, ne peut plus travailler et retourne au village avec sa femme et sa fille. Pleins d'effroi, ils «dĂ©couvrent» la vie des paysans: la saletĂ©, la bĂȘtise et l'inculture, la boisson et les coups qui pleuvent sur les femmes et les enfants. Mais on bat aussi les enfants Ă Moscou, ainsi que le montre la bouleversante lettre de «VĂąnnka» Ă son grand-pĂšre. Comme toujours chez Tchekhov, le tragique cĂŽtoie le comique dans des scĂšnes de la vie quotidienne. «Premiers soins» est exemplaire: on sauve un homme de la noyade mais on le secoue si fort... qu'il en meurt, c' est «dommage» mais cela n'empĂȘchera pas d'aller «boire un coup». Les nobles, les riches tentent vainement d'aider ces paysans bornĂ©s («La Nouvelle Campagne»). Ils n'ont souvent aucune idĂ©e de leur misĂšre («La Princesse», «Remords»). La fin du servage n'a t-elle apportĂ© qu'une libertĂ© illusoire? Tchekhov laisse le lecteur juger les transformations de la Russie.