Thomas Mayne Reid (1818-1883)
"DĂ©roulez la mappemonde, et jetez les yeux sur le grand continent de lâAmĂ©rique du Nord. Au delĂ de lâOuest sauvage, plus loin vers le couchant, portez vos yeux : franchissez les mĂ©ridiens ; nâarrĂȘtez vos regards que quand ils auront atteint la rĂ©gion oĂč les fleuves aurifĂšres prennent leur source au milieu des pics couverts de neiges Ă©ternelles.
ArrĂȘtez-les lĂ . Devant vous se dĂ©ploie un pays dont lâaspect est vierge de tout contact des mains de lâhomme, une terre portant encore lâempreinte du moule du CrĂ©ateur comme le premier jour de la crĂ©ation ; une rĂ©gion dont tous les objets sont marquĂ©s Ă lâimage de Dieu. Son esprit, que tout environne, vit dans la silencieuse grandeur des montagnes, et parle dans le mugissement des fleuves. Câest un pays oĂč tout respire le roman, et qui offre de riches rĂ©alitĂ©s Ă lâesprit dâaventure. Suivez-moi en imagination, Ă travers des scĂšnes imposantes dâune beautĂ© terrible, dâune sublimitĂ© sauvage.
Je mâarrĂȘte dans une plaine ouverte. Je me tourne vers le nord, vers le sud, vers lâest et vers lâouest ; et, de tous cĂŽtĂ©s, jâaperçois le cercle bleu du ciel qui mâenvironne. Ni roc, ni arbre ne vient rompre la ligne de lâhorizon. De quoi est couverte cette vaste Ă©tendue ? dâarbres ? non ; dâeau ? non ; dâherbe ? non ; elle est couverte de fleurs ! Aussi loin que mon Ćil peut sâĂ©tendre, il aperçoit des fleurs, toujours des fleurs, encore des fleurs ! Câest comme une carte coloriĂ©e, une peinture brillante, Ă©maillĂ©e de toutes les fleurs du prisme. LĂ -bas, le jaune dâor ; câest lâhĂ©lianthe qui tourne son disque-cadran vers le soleil. Ă cĂŽtĂ© lâĂ©carlate ; câest la mauve qui Ă©lĂšve sa rouge banniĂšre. Ici, câest un parterre de la monarda pourpre ; lĂ , câest lâeuphorbe Ă©talant ses feuilles dâargent ; plus loin, les fleurs Ă©clatantes de lâasclepia font prĂ©dominer lâorangĂ© ; plus loin encore, les yeux sâĂ©garent sur les fleurs roses du clĂ©omĂ©. La brise les agite. Des millions de corolles font flotter leurs Ă©tendards Ă©clatants. Les longues tiges des hĂ©lianthes se courbent et se relĂšvent en longues ondulations, comme les vagues dâune mer dorĂ©e."
Henri Haller est un jeune aventurier. Muni d'une lettre de recommandation, il fait connaissance de Saint-Vrain qui lui propose de rejoindre le Nouveau-Mexique, avec ses amis les "marchands de la prairie". Une premiĂšre aventure qui va le mener, de fil en aiguille, au coeur d'une guerre contre les Indiens Navajos...