Entre 1943 et 1944, alors quâil est internĂ© Ă Rodez, Antonin Artaud traduit Lewis Carroll et Edgar Poe. Câest Ă lâoccasion de ces traductions quâil se remet vĂ©ritablement Ă Ă©crire et reprend le fil dâun mouvement largement interrompu depuis 1937. La confrontation Ă la langue et au texte Ă©trangers permet Ă Artaud dâĂ©laborer une poĂ©tique de la voix, du rythme et de la scansion qui prend de plus en plus dâampleur Ă la sortie de Rodez. LâĂ©tude des traductions de Rodez sert ici de point de dĂ©part pour Ă©clairer toute la production â textuelle et graphique â de lâaprĂšs-Rodez, des glossolalies aux dessins Ă©crits, et pour penser la relation dâArtaud aux avant-gardes occidentales et la spĂ©cificitĂ© de sa pratique poĂ©tique au regard de celle dâautres poĂštes qui, des futuristes (Khlebnikov ou Marinetti) Ă certains dadaĂŻstes (Ball, Tzara, Hausmann), ont Ă©galement cherchĂ©, dans la premiĂšre moitiĂ© du vingtiĂšme siĂšcle, Ă renouveler la langue poĂ©tique.