Bien trop tabou pour que les mesures prises à son encontre soient adéquates, le viol est encore un sujet victime de non-dits.
Comment lutter contre le viol ? Si la question s’avère complexe, l’une des priorités actuelles consiste à agir sur sa perception. Car si le viol est reconnu légalement comme un crime, sa gravité intrinsèque, elle, est sans cesse minimisée et appelle alors à être explicitée. C’est ce à quoi s’emploie ce manifeste, partant du constat que l’erreur initiale consiste à fonder la gravité du viol dans la notion de contrainte.
À travers une réflexion approfondie et argumentée, l’auteur développe une thèse liant cette gravité à la pénétration sexuelle même, comme une atteinte à notre frontière corporelle, gardienne de notre psychisme. Avec mesure et pertinence, il expose ainsi le concept de gravité sexuelle, démontrant que l’acte sexuel est à l’origine un acte grave, en ce qu’il n’est pas anodin.
Une étude percutante au sujet d’un des plus grands maux de notre société.
EXTRAIT
Un choc, ça existe. Il s’agit d’un truc bizarre, qui pousse à agir dans l’urgence, qui oblige… et pas que deux ou trois personnes, mais toute une population... Pas tout le temps bien sûr, de façon ponctuelle, mais régulière. Je parle du moment où la gravité devient perceptible. Ce qui s’avère bizarre à deux titres. D’abord, si la gravité pousse à agir, c’est sans la moindre contrainte, sans menace, seulement parce qu’elle se présente comme l’évidence. Évidence de quelque chose à faire, qui va de soi parce que très importante, la seule qui semble exister dans l’immédiat. Toutefois, il se trouve que cette évidence n’apparaît pas tout de suite, elle n’est pas instantanée.
Ainsi, la gravité est une perception qui s’impose à nous, qui va de soi, mais qui n’est pas pour autant immédiate. C’est que la perception de la gravité suppose deux conditions.
A PROPOS DE L’AUTEUR
Yan Warcholinski est philosophe et doctorant à l’Université Paris 8, auteur d’une thèse sur le déni du viol. Ses recherches visent plus précisément à comprendre les raisons pour lesquelles la gravité du viol s’évapore si souvent, pour se donner les moyens de les combattre.